Savitri Devi, le traditionalisme, et la religion de la Nature
6,976 mots
From Esotericism, Religion, and Nature (Studies in Esotericism), ed. Arthur Versluis, Claire Fanger, Lee Irwin, and Melinda Phillips (Mankato, Minnesota: North American Academic Press, 2010).
Savitri Devi (1905–1982 [1]) était née Maximine Julia Portaz à Lyon, France, d’une ascendance anglaise, italienne et grecque [2]. Elle était une enfant hautement douée et exentrique. Très tôt, elle adopta le végétarisme et les droits des animaux du fait d’une forte répulsion esthétique envers le meurtre des animaux et d’autres formes de cruauté [3]. Elle développa aussi une passion pour les anciennes civilisations, orientales, occidentales, et amérindiennes [4]. Un contact précoce avec la Bible la conduisit à des convictions fortement antisémites et à de profondes réserves concernant le christianisme. Bien qu’elle rejetait des valeurs chrétiennes essentielles comme l’anthropocentrisme et l’égalitarisme, elle ne rompit pas complètement avec le christianisme jusqu’au printemps 1929, alors qu’elle était agée de 23 ans [5].
Alors qu’elle était enfant, Maximine Portaz développa aussi une forte identification avec la Grèce moderne, même si elle était citoyenne française, et même si son seul lien avec la Grèce était son nom de famille et un huitième de son ascendance (elle était à demi anglaise et trois-huitièmes italienne) [6]. Encore enfant, elle quitta l’Eglise anglicane et rejoignit l’Eglise orthodoxe grecque à Lyon. Elle affirma plus tard que son nationalisme grec et son amour pour la musique byzantine la maintinrent dans l’Eglise longtemps après qu’elle ait rejeté ses croyances et valeurs centrales [7]. A l’âge de 18 ans, elle rejeta sa citoyenneté française en faveur de la citoyenneté grecque [8]. Après son rejet du christianisme, elle travailla sans succès en Grèce à faire revivre les cultes des anciens dieux [9].
Finalement, son attention se tourna vers l’Inde, où le polythéisme indo-européen était encore une tradition vivante [10]. Au printemps 1935, après avoir terminé son doctorat en philosophie à l’Université de Lyon, la jeune Maximine Portaz, âgée de 29 ans, partit pour l’Inde [11]. A l’automne 1935, en étudiant à l’ashram de Rabindranath Tagore à Shantiniketan, elle changea de nom et devint « Savitri Devi ». Savitri est la version féminine du nom du Soleil, et Devi est un titre signifiant déesse. Durant son séjour en Inde, elle travailla pour le mouvement nationaliste hindou et contre toutes les doctrines de l’égalité : islam, christianisme, marxisme, et démocratie libérale [12]. En 1939, elle épousa Asit Krishna Mukherji, un brahmane et éditeur bengali [13].
Savitri Devi est plus connue sous le nom de « la prêtresse d’Hitler », titre de sa biographie par Nicholas Goodrick-Clarke [14]. En tant que nationaliste grecque, Maximine Portaz avait une sympathie pour l’Allemagne et méprisait les Alliés de la Première Guerre mondiale à cause de leur traitement de la Grèce. Dans les années 20, elle en vint à sympathiser avec le mouvement national-socialiste, mais le voyait simplement comme un mouvement national allemand, sans grande importance. Lorsqu’elle rejeta le christianisme en 1929, cependant, elle commença à voir le national-socialisme comme un mouvement internationaliste pour libérer la race aryenne dans le monde entier du pouvoir spirituel, politique et économique des Juifs, et elle commença à se considérer comme une nationale-socialiste. A la fin des années 30, le mari de Savitri Devi, A. K. Mukherji, travailla comme agent de propagande pour les puissances de l’Axe en Inde, et pendant la Seconde Guerre mondiale, elle espionna pour les Japonais à Calcutta [15].
Le titre de Goodrick-Clarke « La prêtresse d’Hitler » est approprié, car Savitri Devi est fameuse pour avoir affirmé dans son livre The Lightning and the Sun que Adolf Hitler était un Avatar du dieu hindou Vishnou [16]. La discipline spirituelle de Savitri Devi était une combinaison du karma-yoga et du bhakti-yoga, les yogas du devoir et de la dévotion religieuse [17]. Son sens du devoir la conduisit à un activisme infatigable en faveur du national-socialisme, avant, pendant et après la Seconde Guerre mondiale [18]. Son sens de la dévotion la conduisit à créer un culte littéral de Hitler, avec des pèlerinages vers des sites sacrés associés à Hitler et à son mouvement [19]. Mais il y avait un autre aspect dans le chemin spirituel de Savitri Devi. Dans cet essai, je me concentrerai non sur son « hitlérisme ésotérique », mais sur sa religion ésotérique de la nature, qui avait aussi des composantes d’activisme dévoué et de dévotion religieuse [20]. En trant qu’activiste, Savitri Devi prenait soin des animaux abandonnés et maltraités, principalement des chats mais aussi des chiens et des chevaux. Dans les rues de Calcutta et plus tard de Delhi, elle était bien connue comme « billi mata », la « dame aux chats ». De plus, « Dans les années 1970, longtemps avant la PETA et le Front de Libération Animale, une Savitri Devi âgée et grincheuse et sa domestique indienne violèrent la loi pour libérer des chats et des chiens destinés aux expériences médicales à l’Institut Pan-Indien des Sciences Médicales à New Delhi » [21].
L’activisme de Savitri Devi inclut aussi l’écriture et la publication de plusieurs livres. On peut avoir une bonne idée des aspects mystiques, dévotionnels et pratiques de la religion de la nature de Savitri Devi à partir de son livre Long-Whiskers and the Two-Legged Goddess, un souvenir fictionnalisé de sa vie en lien avec ses chats favoris [22]. La principale déclaration de Savitri Devi sur la relation de l’homme avec la nature est son livre Impeachment of Man [23]. Ecrit en 1945-1946, Impeachment of Man est un manifeste de l’écologie profonde longtemps avant l’invention du terme [24], et pourtant il reste sûrement l’un des plus radicaux dans un domaine aujourd’hui pléthorique.
La mise en accusation de l’anthropocentrisme
Le noyau central d’Impeachment of Man est la critique des « croyances anthropocentrées » : l’anthropocentrisme comme doctrine métaphysique et morale [25]. L’anthroppocentrisme métaphysique est l’idée selon laquelle l’homme est radicalement différent du reste de la nature. L’anthropocentrisme moral est l’idée selon laquelle la valeur de l’homme est radicalement incommensurable avec celle du reste de la nature. L’homme a une valeur intrinsèque, alors que la nature a simplement une valeur instrumentale. Donc quand l’homme et la nature sont en conflit, la nature doit toujours céder. Savitri Devi pensait que l’anthropocentrisme était une doctrine fondamentalement erronée avec des conséquences calamiteuses dans le monde réel. L’anthropocentrisme est le principe fondamental de la modernisation, où la science et la technologie permettent à une population humaine toujours croissante de s’emparer progressivement du reste de la nature et de la consommer, dépouillant la Terre et mettant en danger l’avenir de toute vie.
La réponse de Savitri Devi à l’anthropocentrisme est ce qu’elle appelle une vision « centrée sur la vie » en métaphysique et en morale, également connue sous le nom de « biocentrisme » [26]. Métaphysiquement, le biocentrisme voit le monde naturel comme une unité, dans laquelle il y a une continuité de toutes les formes de vie plutôt qu’une différence radicale entre l’homme et le reste de la nature. Moralement, le biocentrisme nie que l’homme ait une forme de valeur distincte et supérieure par rapport à la nature ; que l’homme ait une valeur intrinsèque et que la nature ait seulement une valeur instrumentale ; que l’homme soit une fin en soi et la nature seulement un moyen pour les fins humaines ; que l’homme ait des droits qui doivent être respectés, mais que la nature n’a pas. Alors que l’anthropocentrisme implique que les êtres humains, comme des fins en soi, ont des obligations positives seulement les uns envers les autres, le biocentrisme implique que la nature non-humaine aussi est une fin en soi, et donc que l’humanité a des obligations positives envers elle aussi.
La plupart des partisans de l’écologie profonde, comme like Arne Naess, Bill Devall et George Sessions, utilisent le terme d’« égalitarisme biosphérique » [27] pour décrire l’idée que l’homme n’a pas une valeur supérieure à la nature. Mais pour Savitri Devi, nier que l’homme ait une sorte de valeur distincte et supérieure à la nature n’implique pas la valeur égale de toute vie. Cela implique simplement que toutes les choses vivantes, humaines et autres, peuvent être hiérarchiquement ordonnées par référence aux mêmes standards : qu’il y a des valeurs communes aux hommes et aux autres choses vivantes qui leur permettent d’être classés les uns par rapport aux autres. Dans le modèle anthropocentrique, un homme maladif est toujours plus précieux qu’un animal en bonne santé. Le fait que l’un soit un humain et l’autre un animal est supposé rendre non-pertinentes toutes les comparaisons selon des standards communs comme la santé. Il est donc moralement obligatoire de sacrifier un animal sain pour aider à guérir un homme maladif. D’après Savitri Devi, un animal sain n’est pas simplement égal à un humain malade : il est meilleur, selon le standard commun de la santé. La vision de Savitri Devi n’est pas un « égalitarisme biosphérique », mais « une humanité naturellement hiérarchisée harmonieusement intégrée dans le Royaume de la vie naturellement hiérarchisé » [28].
Conséquences du biocentrisme
Une grande partie d’Impeachment of Man est consacrée à expliquer en détail les conséquences pratiques du biocentrisme.
D’abord, Savitri Devi traite des animaux. Les animaux ont une beauté et une valeur intrinsèques. Ils ont aussi assez bien développé des systèmes nerveux qui leur permettent d’être conscients de leur vie et de ressentir la douleur lorsqu’ils sont blessés, maltraités, asservis, et tués. De plus, les humains peuvent ressentir la souffrance des animaux. Notre capacité de sympathie est l’un des fondements de nos devoirs positifs envers la nature. Du fait de leur beauté, de leur valeur et de leurs souffrances, les animaux ne devraient jamais être tués ou obligés de souffrir pour servir des buts humains, selon Savitri Devi.
Les animaux ne devraient pas être tués pour servir de nourriture. L’homme, dit-elle, n’est pas naturellement un carnivore, et même s’il l’était, il est capable de vivre dans la santé et le bonheur sans tuer d’autres animaux. Par conséquent, il ne devrait pas les tuer (elle ne dit rien contre la consommation des corps d’animaux qui sont morts par accident ou de causes naturelles). Cependant, Savitri Devi est une végétarienne, pas une végane. Elle n’a aucune objection morale contre la consommation d’œufs non-fécondés ou de lait, tant que les animaux qui les fournissent sont traités avec bonté et pas exploités impitoyablement.
Les animaux ne devraient pas non plus être tués pour leur fourrure, leur peau ou leurs plumes. Ils ne devraient pas non plus être chassés pour le sport, sacrifiés aux dieux, torturés pour accomplir des numéros dans des cirques, tués ou torturés pour des recherches ou des thérapies médicales, ni asservis pour porter des fardeaux. A la différence de nombreux écologistes radicaux, Savitri Devi est pour le progrès technologique. Elle attend avec impatience le jour où les machines remplaceront les bêtes de somme. Dès que les animaux domestiqués et exploités par l’homme seront libérés, les humains devront en prendre soin en tant qu’animaux domestiques.
Mais peut-être que le chapitre le plus radical d’Impeachment of Man est celui intitulé « Les droits des plantes ». Les plantes aussi sont des choses vivantes, avec une beauté et une valeur intrinsèques. Par conséquent, il est mal de les tuer ou de les blesser. Cependant, Savitri Devi ne dit pas que les plantes ont les mêmes droits que les animaux, pour deux raisons. D’abord, elle pense que les humains ne peuvent pas vivre sans tuer des plantes (ramasser des fruits et des noix ne tue pas une plante, bien sûr, mais il serait difficile de soutenir la vie humaine avec des fruits et des noix seulement). Ensuite, tuer une plante n’est pas aussi mauvais que tuer un animal, parce que les plantes ne sont apparemment pas conscientes de leur existence et ne souffrent pas de leur mort. Par conséquent, nous ne pouvons pas ressentir de la sympathie pour elles et nous n’avons pas les mêmes obligations positives envers elles. Ici nous pouvons voir à l’œuvre sa vision hiérarchique de la nature.
Savitri Devi ne dit cependant pas que les humains devraient réduire leur consommation des plantes à un minimum absolu. Elle propose aussi que les plantes que nous tuons soient seulement celles qui ont de brefs cycles de vie et qui peuvent être remplacées rapidement. Donc elle s’oppose à l’abattage des arbres. Elle suggère de ramasser seulement le bois mort, de construire avec de la pierre et de la brique, de faire du papier à partir de chiffons, de préférer les combustibles fossiles aux combustibles « vivants », et même de limiter autant que possible l’utilisation des fibres végétales pour les vêtements (elle ne va pas jusqu’à recommander les tissus synthétiques, mais cela est analogue à son désir de remplacer les bêtes de somme par des machines). Savitri Devi dit aussi que nous ne devrions pas mutiler les plantes vivantes. Ainsi elle condamne les arbres bonsaï, l’art topiaire, les haies, la tonte du gazon, et le fait de couper des fleurs et des branches pour la décoration.
Le dernier chapitre d’Impeachment of Man présente la vision du « monde idéal » de Savitri Devi. Elle commence par la race. Dans un clin d’œil à l’orthodoxie nationale-socialiste, elle observe qu’en moyenne les peuples nordiques sont plus bienveillants envers les animaux que n’importe quelle autre race ou sub-race. Mais ensuite son argumentation prend un tour étonnamment économique. Quelle que soit la souche raciale d’une nation, le niveau réel de préoccupation humaine pratique pour le monde naturel dépend du niveau de vie des masses. Plus le niveau de vie est élevé, plus la préoccupation pour la nature est grande. Par conséquent, si nous souhaitons améliorer le traitement humain de la nature, nous devons améliorer le niveau de vie humain. Pour Savitri Devi, c’est un double projet.
D’abord, nous devons stopper puis inverser la croissance de la population humaine, en réduisant peut-être finalement la population mondiale « à quelques dizaines de millions tout au plus » [29]. Savitri Devi combinerait aussi le contrôle de la quantité humaine avec le contrôle de la qualité humaine, c’est-à-dire l’eugénisme. Il faut remarquer, cependant, que l’engagement de Savitri Devi pour la biodiversité signifie qu’elle encouragerait les meilleurs membres de toutes les races à se reproduire. Comme elle l’a dit dans une interview en 1978 : « Je suis pour un monde multiracial dans lequel chaque race reste elle-même, en harmonie avec les autres races » [30]. Mais Savitri Devi pensait aussi que la race blanche devrait contrôler le monde, pas seulement pour son propre bénéfice, mais pour le bénéfice de toute l’humanité et de toutes les choses vivantes, pour le bien-être du monde [31].
Ensuite, à la différence de nombreux partisans de l’écologie profonde et radicale qui prônent des sociétés à basse technologie, Savitri Devi pensait que seule une société de haute technologie pouvait assurer un niveau de vie élevé et réduire l’exploitation de la nature à un minimum absolu. Elle envisage une économie à la « Star Trek » où tous les besoins humains seront satisfaits par des technologies propres et non polluantes et où tous les humains seront libres de poursuivre des buts artistiques, scientifiques et créatifs en harmonie avec les autres races humaines et avec la nature dans son ensemble.
Dans une telle société, l’éducation cultiverait une appréciation esthétique de la beauté de la nature vivante, une sympathie pour les êtres vivants souffrants, une identification désintéressée avec le bien-être du monde, et un amour actif et une bonté envers tous les êtres vivants. Cette éducation serait soutenue par une religion de la nature et trouverait une expression en celle-ci, « la seule religion universelle de la Vie et de la lumière du soleil », basée sur la religion solaire du pharaon Akhenaton, une figure qui exerçait une fascination spéciale sur Savitri Devi [32].
Une possible objection à tout le raisonnement de Savitri Devi est la suivante. Savitri Devi affirme que les humains font partie de la nature, et pourtant elle les charge d’obligations morales que les autres êtres n’ont pas. Par exemple, Savitri Devi dit que les humains devraient être végétariens, mais elle ne dit pas que les carnivores, comme les lions et les tigres et les ours, devraient être végétariens. Nous sommes tenus de respecter leurs droits, mais ils ne sont pas obligés de respecter les nôtres. En effet, ils nous dévorent parfois. D’après Savitri Devi, les animaux sont libres de suivre leurs goûts et leurs instincts, mais si nous faisons partie de la nature, alors pourquoi ne pas nous accorder la même liberté ? Si les bêtes des champs et de la forêt ne sont pas liées par les arguments d’Impeachment of Man, alors pourquoi le serions-nous ?
La réponse de Savitri Devi est que notre capacité à être gouvernés par des principes moraux nous place à part du reste de la nature. Mais, contrairement aux anthropocentristes, Savitri Devi dit que la différence humaine ne fait pas de nous les maîtres de la nature, mais au contraire nous soumet à la nature par des obligations morales que la nature ne partage pas et ne peut pas partager. Pourquoi devrions-nous accepter des obligations aussi pénibles et non-réciproques ? Quelle en est la raison ? Savitri Devi a deux réponses à cette question, l’une implicite et l’autre explicite.
L’argument implicite est impliqué par l’éthique « déontologique » ou « de devoir » fortement catégorique qu’elle recommande. De ce point de vue, cela n’a pas de sens de dire « ceci est mon devoir, mais quelle en est la raison ? », car le simple fait que quelque chose soit un devoir signifie qu’on doit le faire, donc on n’a pas besoin d’une incitation supplémentaire, et la requête pour une telle incitation révèle simplement un manque de compréhension de l’obligation morale.
L’argument explicite fait appel à une conception « téléologique » ou « conséquentialiste » de l’éthique, à savoir que le bien ultime est un but, et que des biens plus petits peuvent être justifiés comme des moyens pour ce but. Spécifiquement, Savitri Devi fait appel à une éthique d’auto-réalisation ou d’auto-perfection. Elle dit que la plus haute réalisation de la nature distincte de l’homme n’est pas d’être le praticien le plus habile du principe « le droit c’est la force », mais de vivre en respectant les devoirs rigoureux qu’elle recommande envers la nature : « La seule vraie supériorité [de l’homme] se trouve, à nos yeux, dans le fait qu’il est capable d’aimer, et parfois même contre son propre intérêt et contre l’intérêt de son espèce, toutes les créatures vivantes quelles qu’elles soient » [33]. Et :
« C’est précisément parce que je suis ‘meilleure que le tigre’ que je ne peux pas me permettre de me nourrir de la chair d’autres créatures sensibles, ainsi qu’il le fait (…) Si l’homme désire vraiment être une ‘espèce supérieure’, il doit abandonner l’habitude d’agir comme les espèces ‘inférieures’. (…) de même que l’une des marques de noblesse chez l’homme supérieur est de traiter avec générosité le plus faible que lui – ‘qu’il soit bon, aussi’, dit Nietzsche de son ‘héros’ ; ‘que la bonté soit sa suprême victoire sur lui-même’ –, alors, si l’homme ordinaire est vraiment le spécimen d’une espèce supérieure, qu’il le prouve en aidant les bêtes à vivre et à profiter du soleil, pas en les tuant ou en les exploitant pour son propre avantage » [34].
Fondements exotériques
Puisque Impeachment of Man était destiné à être un manifeste populaire, Savitri Devi ne révélait pas les niveaux plus profonds de son inspiration dans ces pages. Elle préfère présenter la cause et la solution de la crise écologique en termes de religions exotériques. La cause, expliquée en détail dans le chapitre 1, « Croyances anthropocentrées », est l’anthropocentrisme biblique (juif, chrétien, et islamique). La Bible affirme que l’homme est unique parmi les êtres créés parce qu’il est fait à l’image de Dieu. De plus, Dieu donne à l’homme la domination sur la nature ; la nature est donnée à l’homme pour son usage.
La solution, discutée dans le chapitre 2, « Panthéisme pessimiste », est un panthéisme non-anthropocentrique comme l’hindouisme (et aussi le jaïnisme et le bouddhisme). Le panthéisme identifie le divin à la nature, au lieu de séparer le divin de la nature, et de séparer l’homme de la nature à cause de sa relation spéciale avec le divin. Si Dieu est la Nature, alors la Nature est Dieu : tous les êtres sont saints, y compris l’homme. S’il n’y a pas de discontinuité ontologique entre dieu et l’homme et entre l’homme et la nature, alors tous les êtres vivants – et la nature entière – peuvent être vus comme un continuum, dont les diverses expressions émergent d’une unité sous-jacente. Savitri Devi présente l’idée de la transmigration comme une expression de l’idée de l’unité de la vie. L’idée de l’unité de la vie donne naissance à une éthique biocentrée, qui encourage la sympathie et la bonté envers toutes les choses vivantes.
Mais Savitri Devi remarque qu’en dépit de la vision biocentrée enseignée par leurs religions, en pratique les hindous, les jaïns et les bouddhistes sont largement indifférents à la souffrance animale et à la nature en général. Elle attribue cela à la doctrine pessimiste selon laquelle l’incarnation physique est une malédiction et le but de la vie religieuse est de mettre fin au cycle de la naissance et de la renaissance. En conséquence, dans le chapitre 3, « Sagesse joyeuse », Savitri Devi dit que la bonté active envers la nature entière peut être nourrie seulement par un panthéisme de ce monde qui affirme et célèbre l’existence incarnée. L’exemple qu’elle donne est le monothéisme solaire d’Akhenaton, dont elle prétendait être une disciple moderne.
Mais il y a de bonnes raisons de penser que la religion d’Akhenaton n’était pas le fondement de la vision-du-monde de Savitri Devi. D’abord, il y a déjà des indications dans Impeachment of Man. Par exemple, le titre nietzschéen du chapitre « Sagesse joyeuse » [35] et l’usage de phrases nietzschéennes comme « fidèles à cette terre » [36] qu’elle inclut comme citations, indiquent que Nietzsche a profondément influencé les interprétations d’Akhenaton par Savitri Devi. En plus de cela, dans ses souvenirs de prison Defiance, Savitri Devi discute ouvertement la nature exotérique de son usage d’Akhenaton. Concernant son livre A Son of God: The Life and Philosophy of Akhnaton, King of Egypt, qu’elle termina immédiatement avant de commencer à écrire Impeachment of Man, Savitri Devi affirma que son interprétation d’Akhenaton avait été conçue pour convaincre les gens des présuppositions métaphysiques et morales du national-socialisme sans qu’ils le sachent [37]. Concernant son livret Akhnaton: A Play [38], qu’elle écrivit immédiatement après Impeachment of Man en 1946 et 1947, elle affirma que sa description de la persécution des adeptes d’Akhenaton par le pharaon Horemheb faisait en réalité allusion au processus de dénazification en cours en Allemagne [39]. Il est donc raisonnable de penser que dans Impeachment of Man aussi, le monothéisme solaire d’Akhenaton est un habillage exotérique dissimulant les sources plus profondes de l’inspiration de Savitri Devi.
Fondements ésotériques
La religion de la nature de Savitri Devi apparaît sous une lumière très différente dans son dernier livre, Souvenirs et réflexions d’une Aryenne, qui fut écrit de 1968 à 1971 et publié en 1976 [40]. Souvenirs est la principale déclaration de la philosophie de Savitri Devi. Il fut écrit à la fin de sa vie pour un petit cercle d’amis et d’admirateurs français, incluant les écrivains Saint Loup (Marc Augier) et Guy Sajer, qui trouvaient ses œuvres en anglais inaccessibles et voulaient une synthèse de ses principales idées en français. De plus, Souvenirs est le livre le plus franc de Savitri Devi. Ici elle parle directement à ses pairs concernant les fondements ultimes de sa vision-du-monde. Contrairement à A Son of God et à Impeachment of Man, où Savitri Devi se présente comme une apôtre moderne du monothéisme solaire d’Akhenaton, Souvenirs est un livre explicitement national-socialiste. A la différence de The Lightning and the Sun, qui discute du national-socialisme dans le contexte de la mythologie hindoue, le cadre ultime de Souvenirs est le traditionalisme [*] tel que défini par René Guénon et, dans une moindre mesure, par Julius Evola [41] (en plus de Guénon, l’autre grande influence philosophique sur Savitri Devi était celle de Nietzsche, qui est aussi mentionné dans Souvenirs).
Savitri Devi n’était pas une retardataire concernant le traditionalisme guénonien. On peut retrouver la trace d’idées et d’allusions guénoniennes dans ses premiers écrits matures. Son voyage en Inde en 1935, à la recherche des dernières expressions vivantes de la tradition hyperboréenne, peut être compris comme une réponse au livre de Guénon La crise du monde moderne [42]. Ainsi Savitri Devi n’exagérait pas lorsqu’elle disait, dans une interview en 1978 : « …le rêve de ma vie est d’intégrer l’hitlérisme dans la vieille tradition aryenne, pour montrer qu’elle est en réalité une résurgence de la Tradition originelle. (…) Elle provient de ces jours où les Aryens ne formaient qu’un seul peuple proche du pôle nord. La tradition hyperboréenne » [43]. C’est donc dans le traditionalisme que nous devons chercher les vrais fondements de la religion de la nature de Savitri Devi.
Mais dans quel sens Savitri Devi était-elle une adepte de Guénon ? Jusqu’à maintenant, je n’ai découvert aucune preuve d’une correspondance ou d’un contact personnel avec Guénon, bien qu’une telle preuve puisse encore refaire surface. Savitri Devi ne prétendait pas non plus être une traditionaliste au sens d’avoir été une « initiée ». Mais bien sûr, si elle était une initiée, elle n’aurait pas publié le fait dans un livre, de toute façon. Ainsi le plus que nous pouvons dire est que Savitri Devi était une lectrice sérieuse et attentive de Guénon [44], et que les idées de Guénon influencèrent à la fois sa vision et le cours de sa vie. Mais même si Savitri Devi cite Guénon plus que tout autre philosophe, elle ne le cite pas si souvent que cela. Indiquer le chapitre et la ligne n’était pas dans son style (ce n’était pas non plus celui de Guénon). Comme Guénon, sa principale source est la Tradition elle-même, et elle cherche à faire cadrer toutes ses affirmations avec elle [45].
Dans Impeachment of Man, Savitri Devi dit que le fondement correct d’une vision d’écologie profonde est un panthéisme affirmateur du monde, qu’elle présente sous l’habillage exotérique de la religion de la nature d’Akhenaton. Dans Souvenirs, Savitri Devi révèle qu’elle comprend ce genre de panthéisme comme l’enseignement métaphysique central de la Tradition. Le panthéisme est l’identité de l’Etre (Dieu) et de la nature. Dieu est immanent, pas transcendant. Dieu ou l’Etre est l’unité qui sous-tend, émet et réabsorbe toutes les manifestations diverses. Dieu ou l’Etre est relié à la nature comme l’âme est reliée au corps. Dieu ou l’Etre est « l’âme de l’univers en laquelle croyaient les Grecs et tous les peuples indo-européens – et que le brahmanisme voit encore comme la Réalité suprême » [46]. Le panthéisme implique un continuum ontologique entre Dieu, l’homme et la nature.
Le panthéisme implique aussi le caractère sacré et l’unité de toute la vie, même ses aspects obscurs, mauvais et négatifs. Dieu ou l’Etre a un pouvoir infini et un désir éternel de réalisation. Mais les possibilités qu’il peut réaliser sont finies, ce qui signifie que le devenir est cyclique et que sa trajectoire est le déclin. Chaque cycle commence par la réalisation des meilleures possibilités, puis des meilleures suivantes, et ainsi de suite jusqu’aux pires, moment où toutes les possibilités sont épuisées et où le processus doit recommencer. Bien que chaque étape du cycle ne soit pas bonne, chaque étape est divine, ce qui permet de dire « oui » à tout le processus. Ce n’est pas exactement un panthéisme « optimiste », si l’optimisme est compris comme la croyance que toutes les œuvres divines sont bonnes. C’est plutôt une forme d’affirmation du monde qui est au-delà de l’optimisme et du pessimisme en réponse à un processus cosmique divin qui est au-delà du bien et du mal.
Ce panthéisme affirmateur du monde semble difficile à concilier avec le moralisme rigoureux et catégorique de l’éthique environnementale de Savitri Devi. Même si nous reconnaissons que la consommation de viande, l’expérimentation animale, la déforestation et le reste sont des maux, ne pouvons-nous pas aussi les considérer comme des maux nécessaires et inévitables, des expressions précises du jeu divin auxquelles nous pouvons nous attendre dans le présent Age Sombre (Kali Yuga) qui conclut notre actuel cycle de manifestation ? Ne pouvons-nous pas leur dire « oui » aussi ?
La réponse de Savitri Devi est qu’il existe des « hommes contre le temps » : des gens qui sont nés dans l’Age Sombre et qui se sentent appelés à combattre pour les valeurs de l’Age d’Or contre le courant descendant du temps [47]. Savitri Devi elle-même était une telle « femme contre le temps ». La vraie affirmation du monde requiert que nous honorions tous les phénomènes, que nous disions « oui » même à ceux qui disent « non » à l’Age Sombre et luttent contre celui-ci. Par conséquent, Savitri Devi peut dire « oui » à la fois à l’existence de l’Age Sombre et à son désir de le combattre.
Dans Souvenirs, Savitri Devi reprend aussi son argument, examiné plus haut, selon lequel le monothéisme biblique est la source de l’anthropocentrisme, mais elle place également cela dans un contexte explicitement traditionaliste [48]. Savitri Devi fait aussi appel au traditionalisme pour résoudre un problème qu’elle n’avait jamais discuté dans Impeachment of Man : le christianisme fut la religion dominante de l’Europe pendant une très longue période sans produire l’anthropocentrisme rampant de la modernité, qui commença pendant la Renaissance et la Réforme, quand le christianisme commença son long déclin. Citant « René Guénon et quelques autres auteurs apparemment bien informés » [49], elle affirme qu’un christianisme ésotérique, préservé par des ordres initiatiques comme les Templiers, maintint des éléments de la Tradition hyperboréenne primordiale. La subtile influence de la Tradition tenait l’anthropocentrisme en échec. Mais « au XIVe siècle, ou au plus tard au XVe, avec la disparition des derniers héritiers directs de l’enseignement secret de l’Ordre du Temple » [50], le fil d’or de la tradition fut coupé, relâchant les puissances titaniques latentes dans l’anthropocentrisme biblique et ses successeurs laïcs. La modernité était née.
Le récit du processus de modernisation par Savitri Devi dans Souvenirs est clairement influencé par les livres de Guénon La crise du monde moderne et Le règne de la quantité et les signes des temps [51]. Guénon attribue la modernisation à une série de remplacements et d’inversions fondamentaux : la pratique revendique la primauté sur la théorie, la ratiocination remplace l’intuition intellectuelle, l’égalité remplace la hiérarchie, l’individualisme triomphe de l’organicisme, la mobilité sociale remplace les castes, les masses renversent les élites, les valeurs matérielles triomphent de l’intellectuel et du spirituel, les droits de la quantité remplacent ceux de la qualité.
Savitri Devi se concentre en particulier sur l’effondrement des ordres sociaux hiérarchiques dirigés par des élites spirituelles en contact avec la Tradition et leur remplacement par une société de masse centrée sur des préoccupations entièrement matérielles – le passage du règne de la qualité au règne de la quantité [52]. Savitri Devi souligne le rôle de l’anthropocentrisme dans la création de la société de masse, par la création des masses elles-mêmes. L’anthropocentrisme est à la racine de la science et de la technologie modernes, incluant la médecine moderne et l’hygiène personnelle et publique, qui sont les principales causes de l’explosion démographique humaine. La croissance démographique humaine en tant que telle est la force motrice de la dévastation environnementale, et puisque la population augmente plus rapidement en bas de la hiérarchie sociale qu’à son sommet, elle est aussi la force motrice dans la destruction des ordres sociaux hiérarchiques.
Finalement, Souvenirs nous permet aussi de placer la vision de Savitri Devi – une utopie d’écologie profonde associée à la haute technologie – dans un contexte traditionaliste. Souvenons-nous que Savitri Devi préfaça sa vision utopique par une discussion sur deux importants facteurs : la race et l’économie. Dans Souvenirs, elle ajoute un troisième facteur d’une importance encore plus grande : la Tradition. Seule une élite spirituelle en contact avec la Tradition peut atteler la société technologique à des valeurs transcendantes. Dans ce cas, Savitri Devi parle de préserver l’« âme » et la « culture » d’une société industrielle. Mais la même condition est nécessaire pour préserver le monde naturel dans le contexte d’une société industrielle.
Je crois que la capacité de l’Inde (ou du Japon, ou de tout autre pays de vraie culture) à préserver son âme tout en subissant de plus en plus l’inévitable influence de l’industrialisation est ici reliée à la persistance d’une élite de race et de caractère qui est en même temps une aristocratie spirituelle ; une gardienne vivante de la Tradition, en d’autres mots, de l’ésotérisme qui sous-tend, plus ou moins à distance, toutes les manifestations habituelles de la « religion » mélangée à la vie sociale. Même la pureté du sang dans un peuple plus ou moins homogène dans son ensemble – ou, dans une civilisation multiraciale hiérarchique, la continuation de la séparation effective des races – ne pourrait pas se dispenser de la nécessité de préserver une telle élite à tout prix. Sans elle, la meilleure des races finira par être dégradée sous l’influence toujours plus puissante de la technocratie [53].
Conclusion
La place de Savitri Devi dans l’étude universitaire de l’ésotérisme occidental est polémique à cause de ses affiliations politiques. Bien sûr, ses idées ont leur vie propre, qu’elles reçoivent ou non une attention universitaire, si le nombre toujours croissant d’éditions et de traductions de ses livres en est une indication. Mais, comme j’espère l’avoir montré plus haut, Savitri Devi mérite une attention érudite. Elle mérite un chapitre dans toute histoire complète de l’écologie profonde et du traditionalisme. Mais, plus important, elle a poussé le traditionalisme à dépasser une tendance à se concentrer sur l’humanité en relation avec le transcendant. Elle a inséré l’homme et la Tradition dans la nature – et le traditionalisme dans des débats sur les droits des animaux et l’écologie profonde qui sont des questions de vie et de mort pour le monde entier.
Notes
[1] Sur la vie de Savitri Devi, voir Savitri Devi, And Time Rolls On: The Savitri Devi Interviews, ed. R. G. Fowler (San Francisco: Counter-Currents Publishing, 2012). [Intégralement traduit en français sous le titre Et le temps s’écoule, éditions Ars Magna, 2019.]
[2] Sur l’ascendance de Savitri Devi, voir And Time Rolls On, 1 et la « Lettre autobiographique » de Savitri Devi à H. J. du 1er octobre 1980, traduite en anglais par R. G. Fowler.
[4] And Time Rolls On, 4–5, 127–28.
[6] And Time Rolls On, 5–9, 11–12; Savitri Devi, “Autobiographical Letter” to H. J. of October 1, 1980.
[7] And Time Rolls On, 16, 101.
[10] And Time Rolls On, 18–19.
[11] And Time Rolls On, 19. Dans ses livres, interviews, et dans sa correspondence ayant survécu, Savitri Devi maintint qu’elle alla pour la première fois en Inde en 1932. Cependant, en janvier 2004, dans les Archives Nationales de l’Inde, j’ai découvert un exemplaire du formulaire originel de demande de visa de Savitri Devi pour visiter l’Inde. Le formulaire était daté du 2 avril 1935, le lendemain de sa soutenance de thèse de doctorat.
[12] And Time Rolls On, 21–25.
[13] And Time Rolls On, 25–38.
[14] Nicholas Goodrick-Clarke, Hitler’s Priestess: Savitri Devi, the Hindu-Aryan Myth, and Neo-Nazism (New York: New York University Press, 1998).
[15] And Time Rolls On, 31–36.
[16] Savitri Devi, The Lightning and the Sun (San Francisco: Counter-Currents Publishing, 2014). [Traduit en français sous le titre La foudre et le soleil, éditions de l’Homme Libre, 2019.]
[17] Au début de 1936, Savitri Devi étudia le hatha-yoga et la méditation sous la direction d’un brahmane au Pendjab, alors qu’elle enseignait au Jallundhar College. Elle raconta qu’elle fit des progrès rapides mais qu’elle fut obligée d’arrêter cette pratique parce que cela lui donnait des douleurs derrière les yeux (dans ses dernières années, Savitri Devi souffrit de problèmes oculaires chroniques et elle était presque aveugle à la fin de sa vie). Son gourou lui recommanda d’abandonner le hatha-yoga et la méditation et de se mettre au karma-yoga [= voie de l’action] et au bhakti-yoga [= voie de la dévotion ; la troisième voie « classique » est le jnana-yoga, voie de la connaissance, NDT]. Voir And Time Rolls On, 125–26.
[18] And Time Rolls On, chapitre 1, « Autobiographie »; Gold in the Furnace: Experiences in Post-War Germany, ed. R. G. Fowler (San Francisco: Counter-Currents Publishing, 2021) [traduit en français sous le titre L’or dans le fourneau, éditions de l’Homme Libre]; Defiance: The Prison Memoirs of Savitri Devi, ed. R. G. Fowler (San Francisco: Counter-Currents Publishing, 2021).
[19] Savitri Devi, Pilgrimage (Calcutta: Savitri Devi Mukherji, 1958).
[20] Savitri Devi n’est pas la seule personne à combiner fascisme ou national-socialisme avec une vision écologique radicale. Voir Anna Bramwell, Blood and Soil: Walther Darré and Hitler’s “Green Party” (Bourne End, Buckinghamshire: The Kensal Press, 1985), Ecology in the Twentieth Century: A History (New Haven: Yale University Press, 1989), and The Fading of the Greens: The Decline of Environmental Politics in the West (New Haven: Yale University Press, 1994). Voir aussi Janet Biehl and Peter Staudenmaier, Ecofascism: Lessons from the German Experience (San Francisco: AK Press, 1995); Jonathen Olsen, Nature and Nationalism: Right-Wing Ecology and the Politics of Identity in Contemporary Germany (New York: St. Martin’s Press, 1999), et How Green Were the Nazis? Nature, Environment, and Nation in the Third Reich, ed. Franz-Josef Brüggemeier, Mark Cioc, and Thomas Zeller (Athens, Ohio: Ohio State University Press, 2005).
[21] R. G. Fowler, “Woman against Time: Remembering Savitri Devi’s 100th Birthday,” Counter-Currents.
[22] Savitri Devi, Long-Whiskers and the Two-Legged Goddess, or the true story of a “most-objectionable Nazi” and . . . half-a-dozen cats (Calcutta: Savitri Devi Mukherji, 1965).
[23] Savitri Devi, Impeachment of Man (Calcutta: Savitri Devi Mukherji, 1959). Impeachment fut écrit en 1945–1946.
[24] Le terme « écologie profonde » [« deep ecology »] fut forgé par le philosophe norvégien Arne Naess en 1973. Voir les contributions de Naess dans The Deep Ecology Movement: An Introductory Anthology, ed. Alan Drengson and Yuichi Inoue (Berkley, Cal.: North Atlantic Books, 1995); voir aussi Bill Devall and George Sessions, Deep Ecology: Living as if Nature Mattered (Salt Lake City: Gibbs Smith, 1985).
[25] Impeachment of Man, ch. 1, « Croyances anthropocentrées ».
[26] Impeachment of Man, chs. 2 et 3, « Panthéisme pessimiste » et « Sagesse joyeuse ».
[27] Voir Naess, “The Shallow and the Deep, Long-Range Ecology Movement,” in The Deep Ecology Movement, 4; Devall and Sessions, Deep Ecology, 68–69.
[28] Impeachment of Man, 3rd edition (Costa Mesa, Cal.: The Noontide Press, 1991), 10.
[32] Savitri Devi fut l’auteure de plusieurs livres sur Akhenaton. Son livre principal est Savitri Devi, A Son of God: The Life and Philosophy of Akhnaton, King of Egypt (London: Philosophical Publishing House, 1946). Second Edition: Son of the Sun: The Life and Philosophy of Akhnaton, King of Egypt (San Jose, California: Supreme Grand Lodge of AMORC, 1956). Elle écrivit aussi un livre pour enfants sur Akhenaton, Joy of the Sun: The Beautiful Life of Akhnaton, King of Egypt Told to Young People (Calcutta: Thacker, Spink & Co., 1942); une pièce de théâtre, Akhnaton: A Play (London: Philosophical Publishing House, 1948); et un pamphlet, Akhnaton’s Eternal Message: A Scientific Religion 3,300 Years Old (Calcutta: A. K. Mukherji, 1940). Un autre ouvrage, A Perfect Man: Akhnaton, King of Egypt, est listé dans Joy of the Sun, mais aucun exemplaire ne semble exister. En fait, il s’agissait peut-être simplement du titre originel de son livre A Son of God. Savitri Devi consacre aussi 82 pages de The Lightning and the Sun à une biographie d’Akhenaton, ainsi que le chapitre 3 d’Impeachment of Man.
[35] Le titre du livre de Nietzsche en 1882 Fröhliche Wissenschaft peut être traduit par « Sagesse joyeuse » [Le titre français est Le gai savoir, NDT].
[36] Impeachment, 24. Voir aussi Defiance, 232.
[37] Defiance, 232–34. Le style d’Impeachment of Man est similaire à celui de A Son of God/Sun of the Sun. Dans A Son of God/Son of the Sun, les convictions nationale-socialistes de Savitri Devi peuvent seulement être aperçues entre les lignes. Impeachment est un peu moins circonspect mais n’est cependant pas ouvertement national-socialiste. Je pense de plus que si Impeachment avait trouvé un éditeur, la version finale aurait été plus circonspecte concernant le national-socialisme. Mais Impeachment of Man resta non-publié de 1946 à 1959, date à laquelle Savitri Devi le publia finalement à ses frais.
[38] Savitri Devi, Akhnaton: A Play (London: Philosophical Publishing House, 1948).
[40] Savitri Devi, Souvenirs et réflexions d’une Aryenne (New Delhi: Savitri Devi Mukherji, 1976).
[*] Concernant la doctrine de René Guénon et de ses disciples, le mot « traditionalisme » est souvent orthographié avec un « T » majuscule, pour le distinguer des autres traditionalismes (chrétien, musulman, hindou, ou autres). Cependant, l’usage français (contrairement à la langue anglaise) est normalement de ne pas utiliser de majuscule pour les religions (christianisme, islam, etc.) et les doctrines politiques (libéralisme, socialisme, nationalisme, etc.). Pour régler ce problème, certains spécialistes ont proposé d’utiliser le mot « traditionisme » pour désigner la doctrine de Guénon, puisqu’elle est entièrement fondée sur la présupposition de l’existence d’une « Tradition primordiale » préexistante aux diverses religions (on a aussi remarqué que l’usage par Guénon du mot « Tradition » avec une majuscule rappelle fortement la « Révélation » de plusieurs grandes religions). D’autres encore préfèrent utiliser le mot « pérennialisme ». (NDT)
[41] L’usage essentiellement exotérique de la mythologie hindoue par Savitri Devi dans The Lightning and the Sun et dans d’autres textes est discuté dans Georg Schrader, “Erinnerungen an Savitri Devi,” in 100 Jahre Savitri Devi, ed. D. A. R. Sokoll, Junges Forum 5 (2005): 53–54.
[42] René Guénon, The Crisis of the Modern World, 4th, revised ed., trans. Marco Pallis, Arthur Osborne, and Richard C. Nicholson (Hillsdale, N.Y.: Sophia Perennis, 2001). Originellement publié sous le titre La crise du monde moderne (Paris: Bossard, 1927).
[44] En octobre 2004, en Normandie, je pus brièvement examiner la petite bibliothèque personnelle de Savitri Devi. Cette bibliothèque contenait les livres sélectionnés par Savitri Devi dans sa bibliothèque beaucoup plus grande lorsqu’elle décida de retourner en Inde et de quitter la France en 1971. Il est raisonnable d’inférer qu’elle prit les livres qu’elle appréciait le plus. Elle contenait au moins une douzaine de vieux et savants livres de Guénon. Malheureusement, la gardienne de la collection était hostile à Guénon, et peut-être à l’idée que Guénon était important pour Savitri Devi, et quand plus tard je demandai à examiner les volumes plus attentivement, elle refusa (un signe de son hostilité à Guénon est le fait qu’après la mort de Savitri Devi la gardienne de sa bibliothèque fit relier la plupart de ses livres dans un somptueux cuir rouge estampillé couleur or (!). Les livres qu’elle n’aimait pas – les volumes de Guénon ainsi que le livre de Lady Queenborough Occult Theocrasy – restèrent dans leur couverture originelle abîmée et usagée).
[45] Trois des douze chapitres de Souvenirs contiennent le mot « Tradition » dans leur titre : le chapitre 6, « Développement technique et Tradition », le chapitre 8, « Les deux grands mouvements modernes et la Tradition », et le chapitre 10, « L’ésotérisme hitlérien et la Tradition ».
[46] Souvenirs, 64, ma traduction [en anglais].
[47] Voir The Lightning and the Sun, chapitre 3, « Les hommes dans le temps, au-dessus du temps, et contre le temps ».
[49] Souvenirs, 167, ma traduction. Cf. 169–70.
[50] Souvenirs, 167, ma traduction.
[51] René Guénon, The Reign of Quantity and the Signs of the Times, 4th, revised ed., trans. Lord Northbourne (Ghent, N.Y.: Sophia Perennis). Originellement publié sous le titre Le Règne de la quantité et les signes des temps (Paris: Gallimard, 1945).
[52] Voir Souvenirs, ch. 6, « Développement technique et Tradition », et ch. 7, « Développement technique et ‘Combat contre le temps’ ».
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