Le shinto, religion nationale du Japon
Par Savitri Devi, docteure ès-Lettres (Lyon)
3,436 words
Anath Bandhu Mitra (ed.), New Asia. An Organ of Oriental Culture and Thought (52–53 Bowbazar Street, Calcutta), vol. 1, no. 3, juillet 1939, pages 18–25.
English original here. German translation here
Parmi les très anciennes religions du monde, il y en a peu qui sont encore des forces vivantes aujourd’hui, et le shinto est l’une d’elles. J’appelle « très anciennes » religions celles dont il est impossible de fixer la fondation dans la période historique.
Il est encore plus difficile de trouver de nos jours l’une de ces religions sans commencement, pour ainsi dire, jouant un rôle dans la vie d’une grande nation industrialisée moderne. Et le shinto joue un tel rôle au Japon. Il est donc intéressant d’étudier le shinto pas simplement d’un point de vue érudit, mais aussi depuis le simple angle de vision d’un homme moyen qui lit son journal chaque jour, mais qui réfléchit après la lecture.
Le shinto, d’après deux mots qui signifient « la voie des dieux », a quelques traits en commun avec un autre système religieux qui a été depuis des temps immémoriaux, et qui est encore, une force vivante en Asie : l’hindouisme.
Comme pour l’hindouisme, il n’a pas de fondateur. Il ne s’est pas développé autour de la personnalité d’une incarnation ou d’un prophète particulier, ni sous l’impulsion donnée par une écriture inspirée particulière, transmise du Ciel à la Terre à un certain moment. Ses merveilleuses généalogies nous ramènent longtemps, longtemps avant la date attribuée par les spécialistes à Jimmu-Tenno, le premier empereur historique du Japon. Personne n’a enseigné aux Japonais son symbolisme et ses rites. Comme l’hindouisme, il n’a pas de dogmes. On peut avoir la philosophie religieuse qu’on veut et être un adepte du shinto. Il n’y a rien en lui qui puisse justifier le nom de « religion » au sens du christianisme européen. Il pourrait être comparé, au plus, aux anciennes religions nationales européennes – grecque, germanique, celtique, etc. – qui s’épanouirent avant le christianisme.
Comme celles-ci, comme l’hindouisme, et comme chaque ancienne religion, qu’elle ait péri ou survécu, le shinto était primitivement et est encore un culte de la nature dans ses manifestations les plus consciencieuses et bienfaisantes.
Parmi les déités bien connues du shinto se trouvent la déesse du soleil, Amaterasu-Omikami, et son frère, l’impétueux Susanowo, qui incarne la beauté et l’horreur de la tempête aussi bien que ce qu’on appellerait, en termes de mythologie européenne, l’« impulsion dionysiaque », à la fois dans la nature et en eux.
Ces dieux et déesses sont les objets de merveilleuses histoires relatées dans la première partie du « Nihongi », les annales officielles du Japon publiées sur décret impérial en 720 après J.-C. [1], et dans le « Kojiki », publié quelques années avant. Le caractère fantastique de beaucoup de leurs aventures n’est en aucune manière inférieur à celui des puranas hindous. Elles nous transportent dans un monde où les choses les plus inattendues sont possibles. Mais, tout comme dans d’autres très anciennes religions, il y a, sous toutes ces fantaisies, une symbolisation poétique des lois naturelles éternelles, et il y a probablement aussi une science cachée que peuvent expliquer ceux qui comprennent le langage ésotérique.
Un autre caractère de cette religion, qu’elle partage avec les autres anciennes religions dont nous avons parlé, et avec l’hindouisme, est sa souplesse, sa capacité à assimiler de nouveaux éléments sans rien perdre de ses propres traits. Quand le bouddhisme était le plus puissant au Japon, et quand le shinto dut faire un compromis avec lui en prenant la forme du Ryobu Shinto, les prêtres associèrent le dieu hindou Varuna et les déités locales des Sumiyoshi [2] près d’Osaka. Ils révélèrent ainsi un nouveau dieu de la mer, aujourd’hui connu sous le nom de Suiten [3].
Les exemples pourraient être multipliés, et non seulement des dieux locaux et des dieux d’origine étrangère, mais aussi des hommes et des femmes remarquables pour leurs grandes actions ou leur destin merveilleux ou pathétique ont de temps en temps trouvé place parmi les quatre-vingt millions de Kami japonais. Tel est le cas de la célèbre impératrice Jingu, qui conduisit la première expédition contre la Corée, vers 200 après J.-C., et qui est considérée comme l’un des Kami de la mer. Il n’y a pas de raison pour que ce processus de déification prenne fin.
Le shinto n’est pas un système religieux qui est déjà achevé une fois pour toutes. C’est un courant fluide d’inspiration vivante, et il est donc susceptible d’additions aussi bien que d’évolution ; et il a, en fait, connu beaucoup de changements depuis les jours passés. Mais le schéma même de sa propre évolution montrera que depuis le début il a toujours suivi les mêmes lignes principales, et mettra en lumière son principal trait distinctif qui doit être, avant tout et plus que tout, une religion purement nationale.
Ce trait sépare clairement le shinto des religions mondiales courantes comme le christianisme et l’islam, aussi bien que de l’hindouisme. Les religions mondiales devraient plutôt être appelées religions « démocratiques », au sens où elles sont fondées sur la croyance au « droit égal de toute l’humanité de partager le salut qu’elles offrent par la foi en une certaine vérité révélée ». N’importe qui peut devenir un vrai chrétien ou un vrai musulman, et, pris dans leur essence, le christianisme tout comme l’islam sont des forces destructrices de la nationalité, comme la plupart des forces mondiales démocratiques.
Sans aucun doute, le shinto est une religion de la nature. La place éminente occupée en lui par Amaterasu-Omikami, la déesse du soleil, suffirait à prouver ce point. Mais, comme toutes les très anciennes religions, le « culte de la nature » dans le shinto signifie le culte de la patrie dans toute sa beauté, c’est-à-dire ici le culte du Japon.
Au Japon, la nature est réellement aimée et vénérée, et reçoit, dans la vie nationale aussi bien qu’individuelle, une plus grande place que l’art. L’art lui-même est compris comme quelque chose devant être entièrement en harmonie avec l’environnement naturel et non pour attirer l’attention à ses dépens. Cette conception est due en grande partie à l’influence du shinto.
Un temple shinto n’est pas un bâtiment voyant ; il est simple et discret. Sa beauté se trouve dans les arbres touffus qui le cachent de loin, dans le paysage qu’on découvre soudain depuis le sommet de ses marches, le merveilleux arrière-plan de montagnes vert sombre qu’on peut admirer depuis son portique monumental avant de l’atteindre.
Tout le monde connaît la dévotion des Japonais pour le mont Fuji-Yama, résidence de la déité Sengen-Sama, et plus haute montagne du Japon. Nombreux sont les pèlerins qui chaque année escaladent le Fuji et qui, avec le plus grand respect, saluent le soleil levant depuis son sommet. Mais le Fuji, bien que le plus célèbre, n’est pas la seule montagne sacrée : le mont Otake, dans la province de Shinano, le mont Nantai, près du lac de Chuzenji, le volcan Aso, dans la province de Higo, comptent aussi leurs déités et leurs pèlerins. Presque chaque endroit bien connu pour la beauté du soleil levant ou couchant, est un lieu sacré. De tels exemples, cependant, sont communs, et on pourrait en trouver des quantités en-dehors du Japon.
Dans le shinto, il y a cependant plus que le culte de la beauté naturelle du Japon : il y a la croyance, illustrée par des histoires bien connues, que le Japon est réellement divin, à la fois par son sol même, par sa dynastie régnante, et par son peuple, que ce n’est pas un pays comme les autres.
Rien n’est plus sacré pour un Japonais que son Empereur. Pendant de nombreux siècles, les shikkens (régents) et les shoguns (ministres) ont pratiquement gouverné le Japon à la place des Empereurs eux-mêmes. Mais la personne d’un Empereur, fils d’Amaterasu, possesseur des trois symboles du pouvoir, le joyau, l’épée et le miroir, transmis par elle à Ninigi lorsqu’il fut installé Seigneur du Japon et incarnation vivante du Japon lui-même, avec tout son passé et toutes ses traditions qui commencent dans le Ciel, a toujours été inviolable et regardée avec une dévotion religieuse.
A l’époque où les Hojo Shikkens (Gouverneurs généraux) étaient tout-puissants, l’un des Empereurs, Go-Toba, manifesta sa volonté d’exister non seulement comme un symbole, mais aussi d’utiliser son pouvoir et de gouverner depuis la Cour de Kyoto, et entra donc en conflit avec Yoshitoki [4], le régent de Kamakura à cette époque. Une armée commandée par Yasutoki, fils du régent, fut envoyée contre Kyoto. Avant son départ, Yasutoki demanda à son père ce qu’il devrait faire si l’Empereur était lui-même à la tête de son armée. La réponse de Yoshitoki [5] est significative : « Si ce n’est pas l’Empereur qui commande, alors combats jusqu’à la mort. Mais si c’est Sa Majesté, alors jette ton armure et coupe la corde de ton arc. On ne doit pas résister à un Empereur ».
Le résultat de cet esprit, pure expression des traditions du shinto, sur l’âme japonaise est que la longue série des Empereurs japonais, de Jimmu-Tenno jusqu’à nos jours, présente le seul exemple dans le monde d’une dynastie ininterrompue aussi ancienne que le pays sur lequel elle règne. Le premier article de la constitution japonaise de 1889 dit : « L’Empire du Japon sera gouverné par des Empereurs de cette dynastie qui a régné sans interruption pendant tous les siècles passés » [6].
L’histoire du développement du shinto est l’histoire d’une longue évolution parallèle à celle du Japon lui-même. Par commodité, elle peut être divisée en quatre périodes :
- L’ancien shinto tel qu’il était avant le VIe siècle apr. J.-C., quand le bouddhisme fut introduit au Japon ;
- Le Ryobu Shinto, une sorte de compromis entre les deux religions, qui commence au VIIIe siècle et dure très longtemps ;
- Le renouveau du pur shinto au XVIIIe siècle ;
- Le shinto officiel moderne.
Il est plus que probable que le shinto ne soit pas resté statique durant ces longs siècles. L’ancien shinto, comme nous le savons, est le résultat d’innombrables traditions locales lentement réunies et transformées en un ensemble cohérent. Comme nous l’avons dit, c’est quelque chose d’essentiellement simple, contenant autant de beauté qu’il en pouvait obtenir du contact quotidien d’une race artistique avec des manifestations naturelles alternativement charmantes ou terribles, avec des arbres fleuris d’une part, et avec de fréquents typhons et séismes d’autre part ; il contient aussi autant de vérités que le frais pouvoir intuitif de cette race put en saisir durant ces jours lointains. C’est donc une religion nationale au sens où l’est toute religion primitive.
Le culte et le gouvernement sont exprimés par le mot matsurigoto, signifiant « chose solennelle », et depuis le début les Empereurs sont considérés comme les plus grands prêtres, bien que plusieurs classes de prêtres existaient déjà à cette époque. Au grand sanctuaire d’Ise, où étaient gardés les trois symboles [7], l’ancêtre divin des Empereurs était adoré, et les envoyés impériaux s’y rendaient plusieurs fois par an. Lorsqu’un grand danger menaçait la nation, des pétitions étaient envoyées ici à la déité.
Le bouddhisme, déjà très altéré depuis que les missionnaires d’Ashoka l’avaient prêché aussi loin qu’ils le pouvaient, atteignit le Japon par la Corée durant le règne de l’Empereur Kimmei au milieu du VIe siècle apr. J.-C. Mais il ne devint populaire que quelques années plus tard, sous le gouvernement du saint Shotoku Taishi, prince impérial et régent durant le règne de l’Impératrice Suiko. Shotoku Taishi mourut en 621 apr. J.-C., et le succès du bouddhisme fut grandement grâce à lui.
Ce n’est pas ici le lieu pour retracer l’histoire du bouddhisme au Japon. Une chose est importante : qu’il n’est jamais entré en conflit avec le shinto ; mais le shinto dut faire un compromis avec lui, et le fit en effet.
Du VIIIe au XVIIIe siècles s’épanouit au Japon ce qui est connu comme le Ryobu Shinto, ou shinto sous un double aspect ; cette doctrine, qui connut elle-même une évolution durant toute cette longue période, est le résultat d’un compromis.
Le Ryobu Shinto put durer facilement longtemps, car il ne pouvait pas y avoir de conflit philosophique entre les deux religions qu’il combinait. Le Ryobu Shinto est le pur shinto, plus la métaphysique hindoue importée par le bouddhisme. Aucun problème doctrinal ne pouvait naître en son sein, car il ne peut pas y avoir de contradiction entre la métaphysique hindoue (ou toute autre sorte de métaphysique) et l’absence complète de métaphysique.
Le Ryobu Shinto s’épanouit jusqu’à ce qu’une réaction d’un autre type se produise au XVIIIe siècle. Cette réaction n’est pas un phénomène isolé. Elle est étroitement liée à l’atmosphère entièrement nouvelle qui pénètre le Japon durant le règne des derniers shoguns Tokugawa. On a beaucoup souligné l’intérêt pour les sciences modernes qui apparut au Japon à cette époque, préparant la future industrialisation du pays et son expansion durant l’ère Meiji. Mais, avec cette curiosité pour la technique étrangère, il y eut, aussi étrange que celui puisse sembler, un regain d’intérêt pour les plus anciennes traditions du gouvernement japonais, de la littérature japonaise, de la religion et de la vie japonaises.
La renaissance du pur shinto vint côte à côte avec le mouvement en faveur de la restauration du pouvoir effectif de l’Empereur et avec le mouvement littéraire Wagakusha en faveur d’un style d’écriture dépourvu d’influence chinoise. Aucun doute non plus que ces deux mouvements furent fortement influencés par la renaissance du pur shinto.
Cette réaction, visant à se débarrasser de l’influence chinoise dans la religion aussi bien que dans la vie, ramène le peuple à la simplicité et aux vertus des anciens jours et eut plusieurs grands partisans parmi lesquels le plus célèbre est Motoori Norinaga (1730–1801).
Le shinto rénové, et le shinto moderne qui est le stade actuel de son évolution, sont basés sur une idéologie consciente, sur ce qu’on peut appeler une théorie, et cette théorie fut bien exprimée durant le XIXe siècle par Hirata Atsutane (1776–1843), un partisan du mouvement Wagakusha et un disciple de Motoori Norinaga qui, tout comme son maître, l’utilisa pour affirmer non seulement le droit divin des Empereurs à réellement gouverner mais aussi l’origine divine du peuple japonais et sa supériorité en courage et en intelligence sur tous les autres peuples du monde.
Tout comme avant, des hommes de grandes actions sont vénérés comme des dieux. Mais il n’y a pas d’action plus grande aux yeux d’un Japonais que de mourir pour son Empereur et son pays sur le champ de bataille. Au milieu du Tokyo moderne européanisé, trépidant et bruyant, il y a un parc où on peut voir un petit temple. Il est consacré à ceux qui sont morts pour le Japon pendant les dernières guerres, et qui sont devenus des Kamis [8]. Une fois par an, avec une grande solennité, l’Empereur lui-même, le dieu vivant du Japon, fils du soleil levant, s’y rend pour leur rendre un culte.
La loyauté envers le trône, une grande vertu du shinto, n’a en aucune manière diminué depuis la « modernisation » du pays. C’est la vertu nationale du Japon, et elle s’exprime comme nulle part ailleurs. En 1912, quand Sa Majesté Matsuhito (Meiji-Tenno) mourut, le général Maresuke Nogi, fameux dans la guerre russo-japonaise, et sa femme mirent calmement fin à leurs jours par le rite traditionnel du seppuku. Et en 1926, après la mort de l’Empereur Yoshihito (Taisho), le baron Ikeda [9] agit de la même manière. Ils suivirent, à leur manière et de leur propre volonté, la vieille tradition du Junshi, d’après laquelle, lorsqu’un maître mourait, ses fidèles serviteurs devaient mourir aussi, pour continuer à le servir après la mort.
On peut dire que le shinto moderne, essentiellement avec une attitude politique et morale, est centré sur le nationalisme et sur un rituel national. Il ne fut jamais rien d’autre. Cependant, son évolution est un fait. Son évolution réside dans une plus grande conscience de sa valeur en tant que force nationale, dans l’accent de plus en plus grand mis sur sa signification nationale. En tant que simple religion primitive, il n’a pas d’arrière-plan métaphysique. Il n’en a toujours pas aujourd’hui. Mais une philosophie nationale, une sorte de racisme, basée sur la croyance en la supériorité du peuple japonais et en la sacralité de l’Empereur japonais, est devenue, avec une force accrue avec le passage des siècles, sa philosophie.
Beaucoup ont dit qu’il n’a pas d’enseignement moral. Ce n’est pas strictement exact. Dans l’ancien shinto, comme dans toutes les très anciennes religions, un « péché » était avant tout une erreur dans le rituel ; mais avec le temps, un code national de morale, avec pour principales vertus la loyauté, le sacrifice de soi pour le pays, le courage, etc., prit place à coté de la philosophie raciste du shinto. Cet idéal moral a déjà été exprimé en quelques mots : il consiste à être un vrai Japonais.
C’est une belle chose de voir qu’en dépit de son intense mécanisation pendant les soixante-dix dernières années, le Japon a conservé ses rites et ses coutumes. On ne peut qu’être impressionné en lisant la description des funérailles du défunt Empereur Yoshihito (Taisho), il y a à peine plus de dix ans, avec tout le cérémonial archaïque du shinto, avec le char funéraire tiré par cinq bœufs choisis pour leurs couleurs particulières et construit de manière à ce que ses roues émettent en tournant sept sons mélancoliques différents.
On ne peut qu’admirer la survie des rites shinto de jadis, en honneur des mêmes dieux, et dans les très simples temples en bois, cachés parmi les arbres Cryptomeria touffus et ombragés et les fleurs blanches [10].
Mais une chose est plus remarquable encore : c’est la consécration officielle des anciens rites, et la présence vivante de l’ancien esprit, pas simplement parmi les masses, mais aussi parmi l’« intelligentsia » du Japon en contact avec le monde moderne.
Le shinto parvint à survivre, en dépit de l’énorme prestige du bouddhisme, en se mélangeant pendant un temps à la croyance indienne, en acceptant et en transformant son panthéon et en altérant lentement son esprit ; car qui peut dire qu’un bouddhiste japonais d’aujourd’hui, même s’il ne fréquente pas les temples bouddhistes et shintoïstes, n’est pas aussi imprégné que quiconque par l’attitude shintoïste ?
Il a derrière lui une longue tradition de sacerdoce, de croyances populaires, de rites immémoriaux. Et cela est nécessaire pour faire une religion. Sa philosophie raciste, bien qu’elle puisse sembler purement politique, est intriquée avec toutes ces choses. Elle est lentement et inconsciemment sortie d’elles. Elle est ensuite devenue consciente comme force de réaction, comme une impulsion d’autodéfense nationale, et les a reconnues comme des symboles visibles et vivants de son existence, et même comme les objets matériels « dans lesquels il résidait », similaire à une entité divine. Ils ne furent ni créés ni recréés par elle.
Cela semble être la force du shinto sur la base d’une certaine définition étroite du mot ; on peut le nier au nom de la « religion », en considérant spécialement le shinto moderne, et le qualifier de simple philosophie politique. Il est en tous cas une philosophie très simple, ayant tous les avantages d’une religion populaire, et peut-être quelques autres de plus.
Car, après tout, l’amour est la grande force parmi les êtres humains, pas la métaphysique, et le nationalisme ritualiste, comme culte du souverain d’un pays et comme culte de la nature adorée à travers la beauté d’un pays particulier, est loin d’ignorer l’amour. Sinon, en accomplissant un rite archaïque de loyauté surhumaine, comment des hommes auraient-ils pu mourir volontairement de nos jours simplement parce que leur Empereur contemporain de la dynastie solaire ininterrompue était mort ?
Notes
[1] Dans l’original, Savitri Devi écrit erronément « 729 A.D. ».
[2] Dans l’original, Savitri Devi écrit erronément « la déité locale de Sumiyoshi », mais les Sumiyoshi sont un groupe de trois déités locales.
[3] Dans l’original, Savitri Devi écrit erronément Suiten-gu, en anglais « Suiten Shrine », au lieu de Suiten.
[4] Dans l’original, Savitri Devi écrit erronément Yasutoki, au lieu de Yoshitoki.
[5] Dans l’original, Savitri Devi écrit erronément Yasutoki, au lieu de Yoshitoki.
[6] « L’Empire du Japon sera sous le règne et gouverné par une lignée d’Empereurs ininterrompue depuis des temps éternels ». Chapitre 1, article 1 de la Constitution de l’Empire du Japon, 11 février 1889. Traduction anglaise par Miyoji Itō ; in : Hirobumi Itō (ed.) : « Commentaires sur la Constitution de l’Empire du Japon ». Igirisu Hōritsu Gakkō (Ecole de Droit anglais), Tokyo 1889, page 2.
[7] Un seul des trois symboles, le miroir sacré, est conservé dans le sanctuaire d’Ito ; l’épée sacrée se trouve dans le sanctuaire d’Atsuta à Nagoya, et le joyau sacré dans le sanctuaire de Kashiko-dokoro sur le terrain du Palais Impérial à Tokyo.
[8] Le sanctuaire de Yasukuni, établi en 1869.
[9] Savitri Devi écrit erronément « Takeda ». Il s’agit du baron Masasuke Ikeda (1883–1926).
[10] Dans l’original : « cachés parmi les arbres touffus et ombragés et les fleurs Cryptomeria blanches ». Le Cryptomeria japonica est le cèdre japonais, souvent planté autour des sanctuaires. Donc le mot « Cryptomeria » doit avoir été imprimé au mauvais endroit. Les « fleurs blanches » doivent faire référence à l’arbre Sakaki (Cleyera japonica).
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